La dictature de l’image est universelle, elle s’exerce dans tous les domaines. Chez les esprits faibles, elle alimente aussi bien l’hérésie littéraire, le mensonge artistique que la mauvaise foi critique.
Quand l’esprit est prisonnier de ses chaînes mentales, le préjugé est roi. Son influence altère tout jugement esthétique.
Une signature de prestige au bas d’un texte suffit à le déifier. La photo flatteuse d’un auteur peut le projeter sur l’orbite du succès. Le mouvement de cil du vieillard pèsera toujours plus lourd que les gesticulations du blanc-bec. Bref, à ceux qui triomphent par l’éclat du mirage, l’approbation est acquise.
Et ce, indépendamment du contenu, de la qualité, de la pertinence de leurs oeuvres.
Ainsi Rimbaud doit-il sa renommée bien plus à sa photo qu’à ses écrits ou le Che à son regard farouche immortalisé pour la postérité plutôt qu’à sa moralité. De même, les imbécillités des empereurs passent pour d’admirables pensées et la parole de l’aïeul n’a de portée qu’en vertu de sa barbe d’argent.
Sauf que lorsque les choses sont examinées en aveugle, tout s’écroule. Les masques s’évanouissent, les statues s’effondrent, les pyramides de certitudes tombent en poussière.
Ne reste que la cendre rédemptrice de la vérité.
Samedi 9 mars 2013, 42 ans après avoir obtenu des lauriers planétaires pour “LE JOUR SE LEVE”, c’était en 1971, la chanteuse à l’organe vocal exceptionnel nommée Esther GALIL -qui soit dit en passant à l’époque fut une fort belle femme au charme profond et puissant- avait décidé lors d’une émission télévisée dédiée aux talents nus (c’est à dire une épreuve pour interprètes avec des arbitres ne se fiant qu’aux voix, le visage des candidats leur étant dissimulé) de soumettre sa chanson phare à quatre juges, tous spécialistes de la musique.
Un concept sans pitié.
Une prestation en aveugle donc, le quatuor d’experts ne connaissant nullement l’identité de cette concurrente particulière...
Esther GALIL pour la millième fois depuis 1971 fit donc vibrer ses cordes vocales en célébrant son vieux tube, mais sans que ses quatre compétents examinateurs ne sachent à qui ils avaient affaire, rappelons-le.
La diva sur le retour, à l’unanimité, fut recalée.
Bien évidemment si elle avait chanté en pleine lumière et non dans l’ombre, les quatre érudits l’auraient élue championne de la soirée !
Edifiante leçon sur la vraie indépendance d’esprit ! Dès que l’artiste devient inconnu, son luth a manifestement moins de retentissement, l’auditoire étant plus sensible aux couleurs qu’aux idées, au feu qu’à la lumière, à l’artifice qu’au fond ...
A quand la pédagogique présentation en aveugle des fameux textes de Rimbaud à nos lycéens et exégètes ?
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